jeudi 19 novembre 2009

Aïcha, la petite libanaise miraculée.


« Aïcha est un prénom d’emprunt »
Introduction
Ces écrits datent de juillet 2006, suite à un conflit entre Israël et le Hezbollah libanais.
Les faits relatés se veulent apolitiques. L’auteur ne recherche pas la polémique envers les coupables de cette tragédie. Là n’est pas son propos.
Il constate et commente un événement conflictuel d’actualité qui l’a profondément affecté et l’exprime sous la forme de vers narratifs afin que ces faits ne soit pas tout à fait oubliés...Et qui sait, peut-être conservés ?
Il désire surtout sensibiliser les lecteurs sur l’inconstance de la civilisation moderne, car si elle a réalisé d’énormes progrès techniques, elle a encore beaucoup à faire pour améliorer les qualités humaines.
Notre société à donc encore un long chemin à parcourir pour accéder à plus de justice, d’égalité, de fraternité et de respect de l’environnement. Mon intime conviction est que notre civilisation est obligée de couvrir ce chemin, faute de quoi elle risque de s’éteindre, comme cela s’est déjà produit antérieurement.
Il ne faut pas toujours « subir », mais aussi « agir » pour améliorer la condition humaine.

Récit.
Ghanéenne d’origine, elle respirait la vie,
Gaie, joyeuse, tout sourire, elle était tout envie,
Native de Der-Kifa en Galilée du nord,
Elle adorait la vie et chérissait d’abord
Sa très grande famille où elle vivait choyée.
Elle se savait aimée et jamais rudoyée.
Devenue la cadette de cinq frères et sœurs,
Elle n’avait pas huit ans, était sans agresseur.
Toute sa famille constituait son bonheur,
Lui donnait sa confiance sans connaître le malheur.
Puis vint ce jour maudit où sa vie bascula,
Où tout est déchirure, monstrueux pugilat.
En ce mois de juillet, ce fut le déshonneur,
Il eut plutôt valu qu’il n’y eût point d’aurore.
Son destin bascula, hécatombe effroyable,
La honte de la terre, une fange innommable.
Elle jouait dans le jardin en attendant sa mère,
C’est ce qui la sauva d’une vie éphémère.
Elle ne sut pas pourquoi, l’atmosphère s’enflamma,
Des effluves de souffre réchauffèrent le climat :
Une bombe incendiaire tombait sur sa maison,
Embrasant brusquement tous les murs et cloisons.
Une langue de feu brûla tout au passage,
Une odeur suffocante émana d’un nuage.
Sa famille qui vaquait partout on ne sait où,
Fut comme foudroyée par un coup de grisou.
La maison s’écroula comme un château de cartes
Soufflée en peu de temps :- objets disparates,
Poussière suffocante, chaleur insupportable-.
L’enfant jouant dehors fut projetée soudain
Contre un petit muret qui bordait le jardin
La protégeant du souffle, lui servant de rempart.
Son corps ensanglanté, entaché de toutes parts
Est à peine visible, mais ses plaies sont terribles.
Elle souffre le martyre, une souffrance horrible.
Dans un état de choc, sa douleur est intense
Qu’elle ne peut supporter : elle perdit connaissance.
Sa chair est rouge à vif, quelqu’un l’enveloppa
Dans un linge souillé croyant à son trépas.
Transportée en urgence chez une infirmière,
Qui, voyant la petite inerte sur une civière,
Se demanda comment résoudre ce dilemme :
Pauvre corps mutilé montrant un visage blême.
Elle enlaça l’enfant, n’ayant plus qu’une envie,
La bercer doucement, qu’elle recouvre la vie.
Puis elle plongea l’enfant dans un récipient d’eau
Pour laver ses blessures, lui mettre des bandeaux.
C’est alors qu’Aïcha s’éveilla brusquement,
Réveillant ses douleurs, poussa des hurlements.
Elle ressent en son corps mille feux de partout,
Recherchant sa famille, là voyant n’importe où.
On lui administra au plus vite un calmant,
Finit par s’endormir, oubliant ses tourments.
Transportée à Beyrouth afin de la soigner :
-Hôpital débordé, personnel indigné-,
Elle fut lavée, séchée, mise sous perfusion,
Se demandant comment traiter ses contusions ?
Comment soigner ce corps avec tant de blessures,
Ne pas la maltraiter, soulager ses brûlures…
On la laissa des jours dans un demi-coma,
Elle reprit ses esprits appelant sa mama.
Elle put être sauvée, cela tient du miracle,
Mais que lui reste-il après cette débâcle ?
Un traumatisme à vie : - visage défiguré –
La perte de sa famille, une âme torturée.

Réflexions sur ce drame.
Ah ! Quel déchirement, comment est-il possible
En l’année deux mille six de rester impassible
Devant un tel malheur combien vite oublié ?
Sommes-nous dénués de cœur, ne sommes-nous pas liés
Entre tous les humains par un pacte solennel,
Respecté par chacun, unique et éternel,
Authentique et sacré : Respecter toutes vies.
Sommes-nous inconscients, où alors asservis
Par ce destin cruel qu‘on peut éviter ?
Non, il n’est pas possible que l’on puisse accepter
Comme un fait accompli ce terrible forfait,
Monstrueux, douloureux, impossible méfait.
Nous n’avons pas le droit de procéder ainsi
Quelque soit son pays et sa suprématie.
Ah ! Quel tribut pesant pour tous nos descendants
Qu’ils devront acquitter à leurs corps défendant.
Cette pauvre fillette à jamais mutilée
Dans son corps, dans sa chair, une miraculée,
Qui durant des années haïra tous ces gens
Qui ont fait son malheur. Faut-il être indulgent ?
Et devoir pardonner cet acte dégradant ?
Montrer la triste image d’un monde décadent ?
Que donc lui reste-t-il de sa petite enfance :-
Dissensions, injustices, déchéances et souffrances,
Perte de sa famille brutalement sans pouvoir
Se défendre, réagir, elle aimerait savoir
Où se trouvent ses repères dans ce monde insensé.
Blessée, lésée, choquée, disgraciée, offensée,
Quelles seront ses frayeurs pendant sa vie durant :
-Souvenirs délirants, déchirants dévorants.
Pourtant, avant, la guerre sur les champs de batailles
Livrait des milliers d’hommes aux tristes funérailles.
Voyant leurs ennemis, ils luttaient face à face,
Tiraient avec fusils sans faire volte-face.
Tandis que maintenant, ces armes meurtrières,
Ces bombes au phosphore suffocantes, incendiaires,
Assassinent à coup sûr femmes, enfants, familles,
Handicapent à jamais – Multitudes en béquilles.
Mais qui sont maintenant ces funestes bourreaux,
Nombre de tacticiens derrière leurs bureaux.
Leurs tirs téléguidés de grande précision
Atteignent les civils sans la moindre vision.
C’est la guerre « presse-bouton », une guerre inhumaine.
Aussi, qu’en reste-t-il, si ce n’est de la haine,
Plus néfaste que les bombes, aversion souterraine,
Révoltes qui perdurent et vengeances malsaines,
Ne sachant plus pleurer, durcissement des cœurs,
Sentiments anémiés, désastres et malheurs.
Petite Aïcha, immolée, crucifiée,
Inconstance des hommes, tu es la sacrifiée
Par la faute de gens que tu ne connais pas.
On s’est servi de toi comme on jette un appât
Aux féroces rapaces qui survolent la terre
En quête d’une proie sur un monde délétère.
Je ne t’ai jamais vu et ne sais qui tu es,
Aussi sache que chez nous personne ne te hait.
Pendant nos jours de fêtes, quand on fera ripaille,
Tu seras oubliée comme un fétu de paille
Emporté par le vent, qui s’envole aux nues.
Aussi, je suis certain, tu seras reconnue
Par beaucoup de personnes qui pensent comme moi,
Personnes attristées montrant leurs vifs émois,
Affectées, révoltées, qui ne peuvent accepter
L’horreur, l’ignominie, cette haine fomentée.
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Pour celles ou ceux qui ont la foi.

Comment donc réagir devant un tel drame ?
Faire son signe de croix et croire sauver son âme ?
Face à Dieu à genoux pour le crime commis,
Demandons-Lui pardon, nous pauvres insoumis.
Lui qui ne veut sur terre que l’amour et la paix,
Aussi ne reçoit-Il qu’infortune, irrespect
De ce qu’il a créé, système intelligent,
Que nous dénaturons par amour de l’argent.
Dieu ne veut certes pas de malheur sur la terre,
Recherche des élus, personnes volontaires
Soulageant la misère, heureux sous d’autres cieux,
Supprimant nos querelles et voulant vivre mieux.
Dieu, Tu es contesté d’une manière immuable
En provoquant des guerres, terribles, impitoyables,
Sur cette planète « terre », poussière dans l’univers,
Minuscule corps céleste à peine découvert.
Comment donc réparer le mal que l’on a fait
A cette enfant déchue, objet de tes bienfaits ?
Petite Aïcha, accepte le repentir
De ceux qui le désirent, qui veulent pressentir
Un monde de justice, d’égalité ; de paix,
Où la guerre est bannie, où personne ne se hait.
Solidaire d’un monde où brille la lumière,
Dieu, notre unique espoir, exauce nos prières,
Sans quoi que risquons-nous, qui sait l’apocalypse ?
Une terre de feu où toutes vies s’éclipsent,
Cela par notre faute, par le manque d’envie
De s’aimer sincèrement, de respecter la vie.
Le 8 août 2006

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