Silencieux et tranquille, son visage impassible
Scrute tout l’univers de ses yeux invisibles.
Sa puissance est extrême et toujours invincible,
On ne peut lui parler, il n’est jamais audible.
Mais sa présence est là tout au long des années.
Il frappe de son sceau la vie des nouveaux nés.
Il ne lègue ni soustrait, sans non plus ajourner
Le plus petit moment qu’il veut bien nous donner.
Nul doute, chaque seconde est un bien appréciable,
Pour ne pas gaspiller ce temps inestimable.
Faute de quoi, cette offrande sacrée, irremplaçable,
Est à jamais perdue, comme aiguille dans le sable.
Mais on sait qu’il existe, il se laisse mesurer,
Perception impalpable, vaporeuse, épurée,
Il fractionne la vie, en fixe la durée,
Pour nous anéantir le délai expiré.
Aussi avec l’espace, ils sont inséparables,
L’un distribue son bien, l’autre en est le comptable,
Mais quand l’heure a sonné, vient alors l’ineffable,
Ils reprennent leurs droits terribles, impitoyables.
Et pourtant si l’on pense, et à bien réfléchir,
Le temps est compressible, nous pouvons l’infléchir.
Il suffit pour cela de s’aimer sans faillir,
Alors il s’arrête sans plus nous affaiblir.
Seul l’amour est capable d’effectuer cet exploit,
Car il échappe alors à la science et ses lois.
Il rend le temps paisible et l’estime de soi,
Il ne se compte plus, jamais il ne déçoit.